mercredi 4 juillet 2012

LE TEMPS VA VOUS RATRAPPER


La fin du vieillissement : utopie ou réalité en devenir ?

 


Qui, à l'instar de Faust, n'a jamais rêvé d'une jeunesse éternelle ? Les récentes avancées spectaculaires de la génétique laissent tout au moins espérer la résolution des maladies dégénératives dans un proche avenir.

Deux instituts phares dans la recherche génétique sont à la pointe de nouvelles technologies révolutionnaires. Leur approche et leur finalité sont similaires, une reprogrammation des gènes facteurs du vieillissement. Mais le principe de base de cette reprogrammation est sensiblement différent entre ces deux instituts. Pour autant, que les professions de l'esthétique se rassurent, de beaux jours les attendent encore.
En effet, ces phases expérimentales laissent un champ ouvert à la guérison de certaines pathologies dégénératives et à une longévité supérieure dans des conditions de santé optimisées. Cependant de nombreux autres tests et les validations nécessaires de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) sont encore nécessaires avant une application concrète de ces découvertes sur l'être humain.

Précisons que même si notre société de communication et de consommation nous impose les diktats de l'apparence, de la jeunesse, de la beauté, de la sveltesse, les applications de ces récents progrès scientifiques ciblent essentiellement un mieux vivre longtemps et sainement et n'ont pas une portée esthétique.

Bien sûr, chaque individu a le pouvoir d'optimiser son capital santé en entretenant sa forme physique et mentale grâce à une bonne hygiène de vie. Comme dit l'adage : « aide toi et le Ciel t'aidera ! ». Mais pour l'heure, c'est une poignée d'hommes, des chercheurs de valeur qui ont accompli des prouesses dans le domaine de la génétique appliquée à la longévité.

Voici, les grandes lignes des découvertes récentes respectives de ces deux instituts français.


I/ Reprogrammation des cellules centenaires (INSERN de Montpellier)

Le principe :

Selon la rédaction régionale de France 3 Languedoc-Roussillon, des chercheurs de l'INSERM de Montpellier ont réussi un exploit pour la médecine régénérative en reprogrammant des cellules de donneurs centenaires. Cette « cure de jouvence » est une première mondiale qui démontre que le processus du vieillissement n'est pas irréversible.

Ces travaux menés par M. Jean-Marc Lemaître, de l'Institut de génomique fonctionnelle (Inserm/CNRS/université de Montpellier), publiés dans la revue spécialisée "Gènes & Development" du 1er novembre 2011, démontrent que, dans un futur proche, la plupart des pathologies dégénératives pourront être corrigées en effaçant les marques de vieillissement des cellules.

Le procédé :
L'équipe de recherche est parvenue à reprogrammer des cellules de centenaires in vitro, leur redonnant ainsi leur jeunesse originelle et les caractéristiques inhérentes aux cellules souches embryonnaires (hESC).
Ces dernières peuvent alors recommencer à se différencier en cellules de tous types (neurones, cellules cardiaques, de peau, de foie...),
L'utilisation de cellules humaines adultes reprogrammées en cellules souches pluripotentes (iPSC) écarte toute polémique quant à la manipulation de cellules souches d'embyons, dont les propriétés sont cependant similaires.
Ces travaux menés depuis 2007 s'étaient heurtés jusqu'à ce jour à une limite, la sénescence, point ultime du vieillissement cellulaire. Cependant les chercheurs sont parvenus à atteindre cette phase ultime du vieillissement en démultipliant des cellules de la peau d'un donneur de 74 ans jusqu'à l'arrêt complet de la prolifération de ces cellules.
Ils ont par la suite reprogrammé ces cellules grâce à l'adjonction de 2 facteurs génétiques supplémentaires à la préparation classique. Ainsi « boostées », les cellules ont perdu toute trace de leur vieillissement antérieur.

"Les marqueurs de l'âge des cellules ont été effacés, et les cellules souches iPSC que nous avons obtenues peuvent produire des cellules fonctionnelles, de tous types avec une capacité de prolifération et une longévité accrues", explique Jean-Marc Lemaitre.

Applications :
Réparation des organes ou tissus chez des patients âgés, grâce à une tolérance optimale par le système immunitaire, de ces cellules adultes reprogrammées assurant ainsi non seulement un accroissement de la longévité mais surtout une qualité de de fin de vie optimisée. Les expériences menées sur des sujets âgés de 92 à 101 ans ont été un succès et laissent espérer un développement actif dans les prochaines années.

http://languedoc-roussillon.france3.fr/info/l-inserm-invente-le-rajeunissement-des-cellules-71062704.html?onglet=videos&id-video=MONT_1519541_311020110933_F3


II/ Gène de la longévité (laboratoire de Biologie Moléculaire de la Cellule de l'École Normale Supérieure - ENS - de Lyon)

Le principe :
Selon le reportage diffusé sur la chaîne LCI Santé le 16 avril 2011, un nouveau "gène de la longévité" ouvre de nouvelles pistes pour vieillir mieux.
Les travaux ont été menés par l'équipe d'Hugo Aguilaniu, chercheur CNRS au sein du LBMC, sur le principe de vieillissement du ver.
Des études menées depuis 1999 avaient démontré que l'ablation de la lignée germinale, c'est à dire les facteurs de la reproduction (spermatozoïdes et ovules), provoquait une accroissement sensible de la longévité chez le ver. Or, la découverte d'un nouveau gène, très puissant, le nhr-80, permettrait de lutter efficacement contre les maladies liées au vieillissement sans affecter la fonction de reproduction, selon des résultats publiés le 15 Mars 2011 dans Plos Biology.
Les tests effectués sur le ver ( C. elegans) et le drosophile, ont démontré un accroissement de longévité de 60 % et dans des conditions parfaitement harmonieuses. Les chercheurs sont d'ores et déjà confiants sur un élargissement du principe aux les mammifères.

Applications :
L'action gérontogène du gène nrh-80 porterait sur de les nombreux processus liés au métabolisme et à la résistance au stress.

BEAUCOUP D'EFFORTS POUR RIEN

 

Alicaments : vrais bienfaits ou fausses promesses ?




Les alicaments … qu'est-ce que c'est ?
Apparu dans les années 1990, le mot alicament est issu de la contraction des mots « aliment » et « médicament ». Il ne s'agit pas d'une réalité scientifique : sur le plan réglementaire, un produit appartient soit à la famille des aliments, soit à la famille des médicaments, mais ne peut être les deux à la fois (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments).
Probiotiques, fibres, antioxydants, oméga 3, acides gras, ... L’industrie agroalimentaire nous promet cependant, grâce à des produits "enrichis", santé et plaisir dans un yaourt, une boisson, des céréales, ou un pot de margarine…
Qu’en est-il vraiment de ces promesses ?

Une récente étude de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire) se propose d’aider le consommateur à démêler le vrai du faux.


Alicaments et compléments alimentaires sous surveillance européenne
Dès 2006 et devant la multiplication de ces nouvelles gammes de produits, le Parlement européen a légiféré. Il a demandé aux industriels de l’agroalimentaire de justifier les prétendues vertus qu’ils apposent sur les emballages des alicaments et des compléments alimentaires, et dans leur communication. En 2008, l’EFSA a entrepris de contrôler les 4637 allégations sur ces produits de plus en plus présents sur le marché européen.
Les résultats concernant les 2758 allégations de santé se rapportant spécifiquement aux alicaments ont été publiés à l’été 2010. Les conclusions concernant les compléments alimentaires seront quant à elles publiées plus tard.

80% de ces allégations ont été jugées infondées
Dossiers incomplets, manque d’arguments crédibles, définitions imprécises du produit ou des bénéfices imputés ont amené l’EFSA à conclure que, pour 80% des dossiers qui lui avaient été soumis, aucun lien de cause à effet n’avait pu être établi entre les produits commercialisés et leurs prétendus bénéfices pour la santé.


6 grandes familles d’alicaments ont été contrôlées
L’EFSA a rendu publiques ses conclusions au travers 341 dossiers correspondant à des types de produits ou d’effets. Ces résultats, assez malaisés à exploiter tels quels, peuvent être synthétisés en 6 grandes catégories d’alicaments.

  • Les probiotiques : aucun effet démontré
Ce sont des micro-organismes (bactéries, levures), conditionnés vivants ou sous forme lyophilisée, qui en colonisant la flore intestinale, amélioreraient le processus digestif ainsi que les défenses immunitaires. Il sont ajoutés à certains yaourts tels que le fameux Bifidus (Bifidobacterium bifidum), à des céréales, ou sont contenus dans des compléments alimentaires.
L’EFSA se montre très critique à leur égard et affirme qu’aucun effet bénéfique sur l’Homme n’a pu être démontré à ce jour.

  • Les produits amaigrissants : seuls quelques substituts de repas tirent leur épingle du jeu
L’EFSA s’est intéressée aux fibres (réputées efficaces contre les graisses et le sucre), à la caféine, et autres plantes qui permettraient de retrouver silhouette mince et ventre plat et enfin aux édulcorants intenses (aspartam, saccharine, acésulfame K).
A l’exception du glucomannane (fibre soluble) et des substituts de repas affichant moins de 250 calories, aucune de ces substances n’a réussi à démontrer son efficacité dans la lutte contre les kilos en trop.

  • Les « bonnes graisses » : globalement utiles
Les conclusions de l’EFSA concernant les alicaments contenant ces « bonnes graisses » sont plutôt positives. En effet, certains Oméga 3 jouent un rôle certain pour assurer un bon fonctionnement cardiaque (notamment l'EPA - acide éicosapentaénoïque, et le DHA - acide docosahexaénoïque), et d’autres molécules se sont avérées efficaces pour réduire le taux de cholestérol dans le sang (Oméga 3 - acide alpha-linolénique, Oméga 6 - acide linoléique, stérols et stanols végétaux).

  • Les fibres : elles ne sont pas toutes efficaces
Seules les fibres contenues dans certaines céréales (son de blé, orge, seigle et avoine) ont un effet bénéfique sur le transit intestinal. Elles accélèrent la vitesse du transit et stimulent les contractions de l’intestin (péristaltisme). Quant aux fibres contenues dans les fruits (ananas, pomme, pruneaux, etc ...), leur efficacité n’a pas pu être démontrée.

  • Les antioxydants : aucune preuve de leur efficacité
Ils auraient comme vertu de protéger les cellules et leurs composants (ADN, protéines) du vieillissement (oxydation). On sait que les vitamines B2, C et E, ainsi que le sélénium, le cuivre, le manganèse, le zinc et les polyphénols de l’huile d’olive, possèdent des vertus antioxydantes sur les protéines et les lipides. Cependant, l’EFSA affirme qu’à ce jour, et avec un recul d’une trentaine d’années, on ne peut pas faire de lien entre un effet antioxydant et la protection de l’organisme contre le vieillissement, ou l’allongement de l'espérance de vie.

  • Les alicaments destinés aux enfants : ils ne remplacent pas une alimentation équilibrée
Jouant sur la légitime inquiétude des parents à l’égard de la santé de leurs enfants, les industriels de l’agroalimentaire n’ont pas tardé à développer de nouvelles gammes de produits. Des alicaments promettant un meilleur développement du cerveau, de la mémoire, de la concentration, de la coordination psychomotrice ou des capacités d’apprentissage ont ainsi vite colonisé les rayons des grandes surfaces.
La Commission Européenne n’a pas tardé à réagir, en rejetant toutes les allégations de santé ayant été réfutées par l’EFSA. Ainsi, lait infantile aux probiotiques ajoutés et autres compléments alimentaires enrichis en acide gras ont dû revoir leur copie. Tout comme un célèbre chocolat qui n’a pas réussi à prouver qu’il aidait les enfants à grandir ...
La conclusion de l’EFSA sur ce chapitre est que les parents doivent veiller à varier et équilibrer l’alimentation de leurs enfants, seuls véritables garants d’un bon développement.

Rien ne remplace une alimentation équilibrée
Une alimentation variée et équilibrée, des rations adaptées à l'âge et à l'activité, voilà les règles de bon sens qui doivent prévaloir au quotidien.
Bien sûr, consommer des yaourts, des fruits et légumes, des céréales, ... font partie des bonnes habitudes à adopter. Mais faut-il pour autant choisir les produits "enrichis" qui nous promettent une action sur notre santé ?
N'oublions pas que si un aliment avait un effet thérapeutique, il passerait dans la catégorie "médicament" et serait dès lors identifié comme tel.



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